Les Pressoirs des Ducs de Bourgogne
rue Roger Salengro, 21300 Chenôve
Les Pressoirs des Ducs de Bourgogne situés à Chenôve sont, avec ceux du Clos Vougeot, les plus grands et les plus anciens "treulx" de la région. Ils sont inscrits à l'inventaire supplémentaire de monuments historiques depuis 1934.
Historique
Des archives permettent de situer l'origine des deux pressoirs actuels entre 1404 et 1407 sous le règne de Jean Sans Peur. Louis XI les fit entrer dans le patrimoine royal en 1477 à la mort de Charles le Téméraire. Ils restèrent propriété des rois de France jusqu'en 1567. Par la suite, les Pressoirs furent exploités par des particuliers et par différents négociants, produisant du vin sans discontinuer pendant six siècles, ce jusqu'en 1926.
Autour de la maison des pressoirs, les Ducs de Bourgogne exploitaient un domaine de 150 journaux, soit environ 50 hectares de vignettes. Les dimensions imposantes des Pressoirs témoignent de l'importance que connurent jadis les vignes de Chenôve. En effet, sous une charpente dite de cathédrale (18 mètres de faîtage), ils pressaient jusqu'à 100 pièces de vendanges par jour soit environ 23 000 litres de vin. Le plus petit des deux pressoirs permettait de travailler à chaque pressée 40 pièces (12 tonnes de raisins) pour une production de 9 000 litres de jus.
L'ingéniosité des vignerons du XVe siècle
Par leur mode de fonctionnement, ces pressoirs illustrent les compétences technologiques et l'ingéniosité des vignerons du XVe siècle. Comme un énorme casse-noix, ils agissent par un mécanisme de levier (long de 9 mètres pour l'un et de 11 mètres pour l'autre) aussi impressionnant qu'original. Sous le levier, le raisin est disposé sur le plateau de 16 mètres carrés, il est étayé par des claies puis, couvert par des poutres en bois jusqu'à la hauteur du levier. Le plateau est légèrement incliné et muni d'une goulotte pour l'écoulement du jus. L'action d'une vis à cabestan entraîne le levier qui comprime le raisin. Sur l'axe de la vis, un contrepoids mobile - de 4 tonnes pour l'un et de 8 tonnes pour l'autre - amplifie la pression.
Ce mécanisme de contrepoids mobile en pierre est unique en Bourgogne.
Ce contrepoids a été surnommé "la Margot" en souvenir de Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis X le Hutin, qui, dit-on, se plaisait en la joyeuse et paillarde compagnie des faiseurs de vin. Aujourd'hui, le cellier est réservé au vieillissement du vin. En 1987, à l'initiative de la Municipalité, l'un des deux pressoirs a été remis en état.